Même les tournesols, pourtant copieusement arrosés, souffrent et se fânent avant d'être tout à fait ouverts.
La réponse a été vite trouvée.
Lecture
sélective : l’un plus technique, l’autre plus "poétique" mais
uniquement ce qui concerne ce nectar,
Ce superbissime Long Jing grand cru de Terre
de Chine, découvert pas tout à fait par hasard un certain 29 juillet … (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/07/aujourdhui-jai-tutoye-les-etoiles.html).
Déjà le parfum des feuilles sèches dans le zhong préchauffé chatouille
agréablement mes narines, que dire alors des feuilles dans leur bain…
Tout
en savourant ce parfum qui se boit par très petites gorgées, je me replonge
dans mes lectures, d’abord dans Le thé joyau de l’empire du milieu où
je redécouvre, toujours aussi étonnée l’âge canonique de ce thé : "(…)
Les annales concernant le thé montrent que sous la dynastie du Sud (420 à 589),
le poète Xie Lingyun (385 à 433) fut le premier à introduire des perles de
théiers dans la montagne Xiatianzhu, lorsqu’ils traduisait des canons
bouddhistes. En d’autres termes, le thé vert Longjing a déjà plus de 1500
ans."
J’arrête ici la lecture technique, je suis plus
encline aujourd’hui à relire Les Contes de la chambre de thé.
Chaque fois que je bois du thé, je le partage en pensées avec ma famille du
thé, cela correspond bien à cet extrait de la 4e de
couverture : "Les contes autant que le thé participent du même art :
celui de la relation, du partage, de l’être-ensemble. Les contes de la chambre
de thé ont le parfum fragile mais combien émouvant d’un au-delà des apparences
où le silence émerveille, où les cœurs battent à l’unisson".
J’aimerais que ces pensées suivent les traces laissées par cet avion et les
conduisent chez chacun de ceux qui m’ont tant donné.
Je pense en
particulier à une adorable gamine qui se reconnaîtra ainsi qu'à son grand ami le sale gosse…
Le premier conte
parle précisément du Puits du Dragon.
C’est une
jolie histoire qui se savoure comme chaque gorgée de celui qu’elle célèbre.
Il est question d’une vieille femme pauvre mais généreuse. Sa bonté vient
aux oreilles d’un riche marchand à qui elle offre son thé et refuse d’être
payée.
Il est aussi question d’un mortier très vieux, "Ce mortier est rempli de
feuilles décomposées, visiblement il ne sert plus depuis longtemps. Elle
s’excuse de son vieil âge qui l’empêche de l’utiliser. Autrefois elle broyait
les feuilles de thé, en faisait une pâte qu’elle coulait dans des moules. Les
briques de thé rondes étaient séchées puis vendues dans la vallée, les
caravaniers appréciaient ce thé facile à transporter".
Je ne
vous parlerai pas de la suite mais l’histoire comme la plupart des contes se
termine très joliment, non par « ils
se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » mais bien par une histoire
de vieilles feuilles qui ont transformé des théiers médiocres en beaux arbres
donnant des feuilles extraordinaires…
Les infusions se suivent, j’en suis
déjà à la 8e et toujours autant de saveur. Je suis surprise puis je
réalise que j’ai utilisé mes zhong de 10cl alors que 4g est le grammage pour
15cl, ceci explique cela.
Je continue donc, d’autant que le conte suivant La
source des Tigres Galopants parle aussi du Long Jing. Encore une jolie histoire où il est question de moines,
de sécheresse, de tigres, de thé et de source tarie. Je vous en livre la
fin : "(…) Le thé Puits du Dragon se goûte avec l’eau de cette source,
alors le thé révèle toute sa qualité. Ce lieu est devenu si fameux que les
poètes le chantent :
Comme
j’aimerais être moine et vivre toujours ici
Avec
ce thé et cette eau pour compagnons !"
Je n’ai pas eu la chance d’infuser ces belles avec
cette eau mythique, mais j’ai cependant été comblée par ce nectar qui l’est
tout autant.
Avant de les rendre à la terre, j’ai une pensée pour tous
ceux qui si loin d’ici, ont cueilli et transformé ces feuilles pour me
donner ces émotions gustatives intenses.
Infusion à froid d’un Genmaïcha
de Magie du thé.
Cette fois-ci,
je le siroterai dans mon cocon pas par choix mais par nécessité malheureusement
tout en continuant la lecture de Contes de la chambre de thé. Et pour
accompagner le repas de midi, un plat froid évidemment, une salade folle dans
laquelle j’ai mis une partie des feuilles et du riz infusé. Parlant de l’atmosphère
de la chambre de thé, "(…) Lumière ombreuse, une branche
fleurie dans un vase, une calligraphie au mur, rien d’autre. Les convives
goûtent la saveur de l’instant, celle de la coupe brûlante, celle des contes qu’ils
se disent à mi-voix. Les nouvelles et les disputes du monde n’ont pas ici leur
place. Seules sont partagées les paroles sans importance apparente, mais qui
pourtant font briller les regards et ouvrent, dans la pénombre de l’esprit, des
portes inattendues". Parlant
du culte du thé au Japon : "C’est un moment si essentiel qu’au
Japon on dit de quelqu’un "qu’il a trop de thé" ou "pas assez"
pour signifier qu’il est trop émotif et débordant ou qu’il a le cœur un peu
sec." Une grande partie de
ce livre est consacrée aux poèmes, j’en ai sélectionné quelques-uns qui m’ont
particulièrement émue et illustrent bien ce que le thé représente, il y a aura
d’autres billets…
A tout hasard, je suis allée sur la terrasse, une vraie
fournaise ! A 16h 30, il y avait 40°, on n’en annonçait pas autant. J’ai d’abord
cru que le thermomètre s’emballait mais j’ai vérifié avec une deuxième, même
résultat.
Après le souper, j’infuse Je m’appelle Théodore de chez Théôdor et je le
partage en pensée avec ma généreuse donatrice qui prépare ses valises, elle a
hâte de retrouver l’hiver dans son sud, c’est sans doute la seule chose qui
nous opposera, j’ai horreur du froid…
Et pour changer de lecture ce livre
sur les Tisanes et infusions très joliment illustré.
A tout
Seigneur, tout honneur, une quarantaine de pages est consacrée au thé.
Dans
le chapitre Recettes d’Ici et d’Ailleurs une curieuse appellation du Maté…
Thé argentin, j’aurais à tout le moins mis thé argentin entre guillemets...
Un chapitre est consacré aux plantes bien-être qui parle des tisanes mais aussi
de l’emploi de ces plantes en cuisine, dans la maison et même comme soin de
beauté. Le livre refermé, je suis très étonnée de n’entendre aucun chant d’oiseau,
tout est étrangement et anormalement silencieux, on n’annonce des possibilités orages
que pour demain après-midi cependant, sont-ils plus perspicaces que les météorologues
humains ? Ou alors, accablés par la chaleur, ils n’usent pas leur salive
(s’ils en ont…)
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