lundi 16 juin 2014

"Il n'y a que les fous qui goûtent les saveurs de la vie": suite et fin

J'en étais restée hier à cette citation ô combien d'actualité pour ce qui va suivre : "Il n'y a que les fous qui goûtent les saveurs de la vie". 
Les saveurs liées au thé seront d'abord celles de ce Mao Cha 2014 issu de théiers sauvages de 1800 ans d'âge.
Sugi perçoit tout de suite des notes de cacao dans ces petits fagots composés de grandes feuilles.
La liqueur est brillante et d'un beau jaune paille.
Je suis admirative d'entendre Cha Hua, Sugi et Agnès exprimer ce que la tasse à sentir évoque pour elles,
pareil dans la tasse à boire : cacao, fruits sucrés, raisins blancs.
Pour Jing, c'est un bouquet de fleurs sauvages quand je ne détecte que des notes minérales.... mais pas de bœuf bourguignon = message codé ! C'est le début d'un dérapage délirant, je ne sais pas si c'est lié à la composition de ces petits fagots, du genre Mao Cha -Lady Gaga, ça rime et ça rame comme tartine et boterham. Tout cela accompagné de fous rires, "Patricia" était déchaînée, les 3 autres ont suivi, eh oui. Ici est apparu Monsieur Martagonn Xiansheng dont le nom de thé est Mustabonn, et quand il chante son nom de scène est Marta Monica. Ce sont des noms pas vraiment de chez nous mais rien de décalé sauf que ce Monsieur est ... le chat de Jing ! J'avais fait sa connaissance à Louvain-la-Neuve, j'avais été impressionnée par sa taille mais surtout par son addiction au ... PU ER ! Je passe sur d'autres réflexions tout aussi surréalistes pour arriver au sujet suivant : nous retrouver dans 100 ans pour savourer ce nectar surprenant, une seule solution : la cryogénisation. Mais là-dessus Jing signalee qu'on n'a pas besoin de cela, le thé rend immortel.
Et tout cela en continuant à savourer ces Feuilles de derrière les fagots.
Elles sont géantes, je n'ai pas pu résister, j'ai acheté un de ces précieux fagots, et je ne suis pas la seule !
Pour suivre un Tong Qing,
un Pu Er de la reine qui fait rêver Cha Hua tandis que Sugi s'apprête à l'immortaliser. 
Issu de théiers sauvages de la montagne Yi Wu.
Avant même qu'on y goûte, Guang Yuan nous fait saliver : c'est vraiment une beauté féminine, calme, tendre. J'en avais déjà dégusté une ici une shu de 88:  http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/02/une-fin-de-week-end-en-apotheose.html
La texture est veloutée, les saveurs corsées mais douces en effet. Rétrolfactions plus sucrées, c'est ce qu'on appelle Hui gan)
Les infusions se poursuivent,
les sensations fortes aussi. Notes camphrées.
Couleur ambrée de ce liquide précieux qui devient plus fluide,
moment intense de concentration. Xi puissant, Agnès éprouve une douce sensation d'endormissement, moi c'est plutôt du côté de la langue, comme le réveil après la piqûre chez le dentiste.
C'est le moment de la pause, ou de "Patricia" à Patrick...
Les 2 sœurs, expertes en chocolat d'excellence, offrent cet écrin à Jing.
Et Sugi nous présente un invité surprise, c'est xiong mao le panda.
Très intéressé par cette théière en argent.
Et il n'est pas le seul...
Et pendant que les enfants s'amusent, « Patricia » nous donne un cours de langues : xiong mao = panda = berekat : guang yuan = source de lumière = bron van licht ; xing fu = bonheur = geluk et last but not least cha hua = fleur de thé = thee-bloem. L'atmosphère est légère, joyeuse, cela fait tellement de bien.
J'en profite pour faire emballer le précieux petit fagot par Jing aux fins doigts de fée.
Il est temps de regagner nos places, le bonheur continue. Jing nous propose alors une de ses composition baptisée Mariage Impérial :
2 g de Roi du Pu Er
et 2g de Reine du Pu Er.
Je suis impatiente de goûter à ce mélange qui, à voir le sourire contagieux de Guang Yuan, nous promet de vraies émotions gustatives. Song Pin Hao et Tong Qing Hao ne sont-elles pas les 2 maisons les plus réputées en matière de Pu Er.
Quand je disais que son sourire est contagieux...
Que dire de cette harmonie parfaite entre le yin et le yang, sinon que la liqueur monte à la tête, au propre comme au figuré.
Après les rires, la joie se fait plus intérieure.
Nous vivons intensément l'instant.
Moment de méditation, impression de toucher à l'immanence. A la fougue des premières infusions succède maintenant la douce suave, on passe de la passion à l'infinie tendresse.
Je croyais avoir vécu l'apothéose de cet après-midi, je me trompais.
Le trésor qui se trouve dans le sachet est thé vert de ... 1890, son nom : Fan Pu Gui Zhen, 12e niveau Retour à la simplicité naissante. Mais avant de remonter le temps, Cha Hua, Agnès et Sugi nous offrent quelques airs de leur répertoire classique, voix cristallines, émotion, une de plus. Merci à vous trois.
Ces Bellissimes ont déjà été infusées 23 fois, on a du mal à imaginer cela en voyant la couleur de la liqueur.
Cette première infusion est assez foncée mais ce qui se passe en moi est indicible, plus aucune contingence , ni de temps ni d'espace, l'immanence encore. Notes de yusu, infinie douceur.
Les passages suivants donnent une infusion plus claire.
Mais toujours une sensation de bien-être absolu, une telle légèreté que j'avais l'impression de n'être pas loin de la lévitation,
pour rejoindre le xian guo, le pays des Immortels. Les mots n'ont plus vraiment de sens, le silence s'est installé, un silence très fort. Nous touchons ici à l'âme du thé, vivre l'instant et se laisser porter.
Je ne résiste pas à remettre cette magnifique photo qui illustre si bien ce que nous avons vécu ensemble ce dimanche après-midi. MERCI du fond du cœur à vous 4 et à très vite, dans ce lieu magique, chez les xiong mao ou où vous voulez... 
Et pour prolonger le bonheur,
le fabuleux thé du Mariage impérial reçu hier de Guang Yuan au parfum prononcé de camphre. Il fait moins chaud mais avec un pull c'est supportable.
C'était sans compter sur le contenu des nuages noirs.
Je bats en retraite et je commence les infusions.
Je retrouve les douces saveurs d'hier mais je revis surtout en pensées notre rencontre d'hier.
Beau camaïeu de verts olive avec quelques taches brunes.
La liqueur, toujours aussi brillante, devient plus claire.
Où cela va-t-il s'arrêter ?
Le ciel commence à s'éclaircir, mais je reste à l'intérieur cette fois, c'est plus prudent.
Je pousse plus l'infusion, le breuvage est un peu plus foncé et il s'en dégage des notes plus boisées.
Elles ont tout donné, elles vont retourner à la terre.
Le ciel devient tout bleu et moi rose de plaisir. Au risque de me répéter, je le redis le Bonheur est dans le thé et tout ce qu'il évoque...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'en ai l'eau à la bouche, je crois même que ... Je bave... Bizouille Bizouille Mich

sugi a dit…

Bonsoir Francine :)
Haa quel souvenir! J'ai vécu un après-midi magique! Il faut aussi intense avec une myriade d'émotions. Ton article retranscrit vraiment bien ce que nous avons vécu :)
Vivement la prochaine fois et merci à toi aussi :-)

Biz et bonne soirée
Bon thé
Sugi

PS: je t'envoie par mail le lien avec mes photos ;)

Francine a dit…

@ Mich: RAVIE de te revoir ici et désolée de t'avoir fait baver...

@ Sugi: mille mercis chère Sugi, c'est vrai que c'était magique et comme chaque fois, je trouve que mes mots ne sont jamais assez forts pour traduire tant d'émotions. Tes photos sont superbes MAIS je ne sais comment les transférer ici, quand je m'occuperai du petit fagot, je m'en servirai.

Bonne fin de journée à vous deux,bons thés, biz