lundi 8 février 2016

8 /02 / 2016: L'année du Singe de Feu a commencé en beauté, que chaque jour soit aussi flamboyant que celui-ci

Après une nuit quasi blanche mais très vivifiante - le vent a soufflé en tempête – je sais qu’il n’y a pas que le soleil qui ravive mes neurones, Éole aussi… 
je continue à célébrer cette année lunaire toute neuve. 
Côte à côte, les deux théières qui  contiennent deux fabuleux Da Hong Pao 
Je ne sais pas jusqu’où elles vont aller pour enflammer mes papilles 
mais le vent qui continue à souffler pourrait peut-être m’emmener dans les montagnes de Wu yi… 
La théière plus foncée a été le réceptacle du "Da Hong Pao de monastère" tandis que la plus claire et la plus fine a magnifié celui travaillé à l’ancienne et avec un savoir-faire très pointu, j’en reparlerai. 
Ce n’est pas l’épée de Damoclès qui est suspendue au-dessus du Singe, mais bien Kwan Yin la protectrice. Cadeau reçu hier au Dragon royal.
Je ne compte plus le nombre de bains que les belles ont pris mais elles n’ont pas encore tout donné… 
Le ciel gris sombre a fait place au bleu-soleil et à la lumière, 
et toujours autant d’émotions dans les tasses qui se succèdent comme si cela n’avait jamais de fin. Ce qui me frappe comme une évidence en buvant alternativement ces deux thés qui portent le même nom, mais tellement différents: le thé cultivé et traité par les moines est d'une certaine façon  moins soigné,  l'important est le rôle qu'il a dans la vie des moines, un support à leurs longues méditations, tandis que l'autre atteint la perfection à tous les stades de la fabrication. Un thé d'excellence.
Et pourtant… Quand Xavier a demandé hier à Anne-Marie, combien de fois on pouvait  infuser les feuilles, il a été étonné de sa réponse, "une quinzaine". Ce fut au moins cinq de plus mais cette fois, elles ont tout donné et vont bientôt entamer leur nouvelle vie. Comme une intense rétrolfaction, je vous emmène à présent revivre l’histoire de ces Da Hong Pao qu’Anne-Marie a ramenés de son fabuleux voyage dans ces montagnes mythiques du Fujian. C’est là qu’elle m’a emmenée après le festin au Dragon royal. 
Les grandes feuilles torsadées d’un camaïeu de bruns dégagent des notes de pain grillé légèrement épicé. 
Ces feuilles cueillies à la main proviennent du jardin d’un temple, un des seuls à ne pas avoir été détruit pendant la révolution culturelle. 
A thé exceptionnel, théière symbolique posée sur ma première mer à thé, 
l'occasion pour nous de parler d’un homme que nous apprécions toutes les deux pour sa simplicité, sa modestie malgré ses connaissances pointues des Feuilles, Vivien de Thés de Chine. 
Avant même d’y porter les lèvres, un parfum entêtant de pain grillé chatouille mes narines, la torréfaction doit être importante. 
Anne-Marie a les yeux dans ces montagnes tandis que Xavier goûte la liqueur sans commentaire d’abord. Quant à moi, ce que je sens d’abord c’est la force contenue dans la tasse. 
Après un seul passage… 
Deuxième infusion, toujours ces arômes puissants avec des notes de moka. 
Notre Anne-Marie instruit Xavier sur le rôle qu’a joué le thé dans les temples : aider les moines à ne pas s’endormir pendant les longues heures de méditation tout en n’étant pas excités comme ils le seraient avec le café. 
Les infusions se suivent, j’admire les gestes lents et harmonieux de ma "sœur de thé", merci pour ce titre ô ma chère sœur, et pour ce cadeau fabuleux. 
Même après de nombreux passages la liqueur d’une belle couleur acajou reste brillante et évolue vers des notes de fruits cuits d’abord et boisées ensuite. Xavier n’accroche pas, "trop fumé", chacun ses goûts mais Anne-Marie s’empresse de lui signaler qu’il y a "pire", un certain Kyo-Bancha… 
Indifférente à ces commentaires qui ne me concernent pas, je regarde ce petit singe en pensant à un petit Dragon d’eau, mais pas que lui... Ce thé cueilli et torréfié par les moins, aux saveurs intenses, un peu brutes très long en bouche est loin d’avoir tout donné 
mais Anne-Marie nous emmène chez la famille Huang, 13e génération dont les membres traitent encore ce Da Hong Pao de manière artisanale et traditionnelle.
Les feuilles sont évidemment sélectionnées et cueillies à la main. 
Pour les magnifier, j’ai choisi cette superbe théière, Désirée,  adoptée avec ses deux sœurs Grande Anse et Melle Li le 11 janvier 2009, ici :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/01/une-adoption-en-douceur.html et là : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/01/et-voici-la-troisme.html  
Toujours ces gestes lents propices à la méditation.
Infusées, les feuilles apparaissent plus vertes, elles sont certainement moins torréfiées. Effectivement les arômes sont plus subtils. 
Xavier cette fois apprécie ce nectar. J’ai une pensée émue et admirative pour le travail d’orfèvre de cette famille qui, loin des médiocres intérêts lucratifs, continue ce travail d’artisans dans le respect des traditions et l’amour des feuilles… 
Après cette énième infusion, Xavier nous quitte mais la journée est loin d’être terminée.
Impressionnant le parfum qui "colle" à la tasse vide.
Nos échanges continuent, plus intimes cette fois entre autres sur ce qu’est cette boisson mythique pour nous, moments intenses et dans la pénombre naissante comme pour donner plus de poids à nos propos.
Il est exactement 18 heures ici, 24 heures à Taipei, c’est le début de l’année du Singe de Feu, fêté dans la liesse là-bas avec sans doute un peu plus de réserve à cause du drame vécu dans le sud de la Belle Île…
C’est en silence que nous partageons 
les tasses suivantes. Pas de mots assez forts pour décrire l'indicible...
Beaucoup d’émotions, et pas que gustatives pendant ces moments rares et si intenses. 
Notre joie explose à présent, faite de sourires et de projets, théinés entre autres.
Que cette année du Singe de Feu soit lumineuse à l’image de cette belle flamme.
Et on en revient au travail de cette famille, reconnu par l’Unesco comme le seul producteur encore artisanal de la région, comme la première maison authentique. 
La belle Désirée si élégante est parfaite pour ce thé d’exception.
Anne-Marie a continué à remplir les 3 tasses, celle du milieu est celle réservé à l’Absent, comme pour signifier que le thé est partage même avec ceux qui ne sont pas là mais très présent dans notre cœur… 
Du fond du cœur, MERCI ma chère Anne-Marie, ô ma sœur de thé, pour ce premier jour de l’année du Singe qui fut au-delà des mots, mais très dans l’Esprit du thé. Je te suis très reconnaissante de m’avoir emmenée au cœur de l’Âme du Thé. Et merci pour ces jacinthes, une de mes fleurs d’hiver préférées, emballées de rouge pour le symbole de ce jour de fête mais  bleues, je te reconnais bien là. 
Je suis ravie de quitter l’année de la Chèvre, elle ne restera pas dans les annales, par contre, je crois très fort dans celle-ci, des évènements très importants sont au programme. Et si tous les jours ne seront pas toujours faciles, celui-ci m’aidera à les surmonter. Vive la Vie !

2 commentaires:

Fab a dit…

Ce Da Hong Pao ou grande robe rouge, j'y pense ....j'en ai encore ...eh bien c'est en pensant à toi que je vais en déguster dans une jolie théière que j'avais acheté en Chine , plein de bises théinées

Francine a dit…

@ Fab.: que voilà une idée qu'elle est bonne! Et les Feuilles infusées dans une théière choisie par toi là-bas ont certainement provoqué chez toi des émotions gustatives potentialisées par de fabuleux souvenirs... Bonne fin de journée, biz