lundi 7 mars 2016

Tout est bien qui finit très bien


 
Après une fin de semaine très active et malgré une mauvaise nouvelle lié à ce "grand" service public qu’est la poste belge qui a encore fait des siennes, je suis restée très calme tout en méditant  cette phrase d’A. Einstein : "Deux choses sont infinies, l’Univers et la bêtise humaine. En ce qui concerne l’Univers, n’est pas une certitude absolue." En effet, jeudi mon amie Catherine m’annonce que la firme qui fournit l’i. Cooking n’a jamais reçu la commande qu’elle a envoyée le 15 février ! La deuxième « bonne » nouvelle est que le menuisier qui devait changer les panneaux de la cuisine annonce qu’il ne viendra pas ce samedi mais le 12…  Plutôt que m’énerver, je suis allée faire "quelques" emplettes. Dimanche, j’avais décidé que ce serait une journée cocooning. 
Avec ce ciel tout gris, un seul endroit à fréquenter, mon salon bleu-thé. Et mes rituels :
un Assam griffé ThéÔdor,
et des chants propices à la méditation.
Je commence à me faire à ce thé corsé, mais j’ai dû m’accrocher, je repense à la description d’Olivier Scala de ce thé que j’ai fini par apprivoiser : "Sa caresse exotique, lourde et chaude, un peu rude, enveloppe la gorge de toute la force de ses tanins et balaie le gris des matins d’hiver. Long, ample, réconfortant comme tous les Assam, il remplace sans faiblesse le café." Je confirme ! Les fenêtres de mon cocon ont besoin d’un nettoyage, c’est une des rares tâches ménagères que j’effectue volontiers même si avec les travaux encore inachevés, ce sera à recommencer très vite.
Il est temps de prendre l’apéritif, ce sera ce Hojicha griffé Azumaya 
et de feuilleter une fois encore ce livre qui contient entre autres des recettes que je veux continuer à tester avant de lancer mes premières invitations.
Tout en savourant ce breuvage si particulier,
la lumière envahit à nouveau mon salon bleu-thé, m’invitant à une balade vivifiante. Promenade digestive magnifiquement commencée, la température est assez douce, le soleil prépare manifestement le printemps. Je suis grisée de retrouver cette nature qui explose de partout, je m’appuie sur un arbre pour observer les oiseaux, j’avais seulement oublié que nous sommes encore en hiver, à cette période d’entre deux marquée par des giboulées, et elles n’ont pas tardé ! Le ciel s’est tout à coup obscurci et le ciel m’est tombé sur la tête et pas que. Je suis heureusement déjà au fond du jardin, j’enlève mon imper pour protéger mon appareil photo et mes jumelles de ce déluge d’eau. Bien mal m’en a pris, rentrée transie à la maison je ne suis pas parvenue à me réchauffer malgré un bain très chaud... les microbes, ces sales bêtes, ne m’ont pas ratée, un nez transformé en fontaine, mal de tête et yeux larmoyants. Comment se fait-il que cela se soit déclenché si vite ? Ma consolation a été d’avoir sauvegardé mes appareils fétiches, les dimanches se suivent mais ne se ressemblent pas ! Remède de cheval : thym surdosé, propolis et gingembre pour la chaleur qu’il procure, citron chaud légèrement miellé pour la gorge. Et gouttes d’eucalyptus sur mon oreiller pour dégager les muqueuses nasales, ce qui m’a permis d’avoir une nuit convenable.
Ce matin, stupeur
où que je pose mon regard, le même spectacle désolant
pour moi qui déteste l’hiver.
Pendant notre petit-déjeuner, Xavier et moi avons le regard rivé sur la mangeoire où quantité d’oiseaux, essentiellement des mésanges cette fois, dévorent avec avidité leur repas, il faudra qu’on renouvelle le garde-manger. J’ai moi l’impression que les microbes ont eu peur de leur traitement de choc d’hier, mes papilles gustatives, pas encore tout à fait remises cependant, sont ravies.
Il fait tout gris dans mon cocon avec ce ciel de neige.
Mais j’ai de quoi mettre du soleil dans ma tasse avec ce Jungpana griffé ThéÔdor, acheté par mon généreux chez Cha-Hû-Thé, souvenir, souvenir…
Cette fois-ci pas de musique, les cloches de Rome ont fait escale dans mon crâne hier et y sont toujours, (si au moins elles pouvaient déjà déposer quelques petits œufs), ce sera ce livre déjà ancien (1990). J’ai corsé un peu l’infusion de cette "douce jeune fille" pour être certaine de goûter ces notes fruitées, légèrement acidulées dont j’ai déjà parlé entre autres ici : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/04/j-comme-jungpana-douce-jeune-fille-et.html
Une première théière pour le voyage dans l’Himalaya et les émotions gustatives retrouvées.
Une deuxième accompagne ma lecture dans les jardins de Darjeeling. Il y est question entre autres du Jungpana : "On ne s’étonnera pas du prix parfois si haut qu’atteignent les thés de Darjeeling. Certains jardins, comme par exemple Jungpana (dont la meilleure division est appelée Mahaldiram), ne donnent que quarante tonnes de thé par an." Par contre, pas un mot du Tumsong, ce thé du jardin des cœurs heureux, mon coup de cœur absolu. J’espère que cette année, Guillaume sera satisfait de sa qualité et que je le retrouverai dans la sélection de ThéÔdor… En relisant le livre de Michel Finkoff, Mes jardins de thé , je comprends encore mieux la difficulté de maintenir chaque année la qualité de ces thés. La région, pour si belle qu’elle est, possède un climat de montagne la plupart du temps, elle est plongée dans la brume et la récolte tributaire des pluies, du froid. Les doigts de fée des cueilleuses et l’expertise de ceux qui  traitent les Feuilles ne peuvent rien y faire malheureusement. Et de citer Paul Butel, auteur de Histoire du Thé : "Le thé est l’héritage d’un trésor d’expériences accumulées pendant des siècles par des paysans patients et ingénieux."  Cet après-midi, je continue le nettoyage de mon cocon, au tour des étagères
celle des boîtes, même si j’ai encore de quoi, beaucoup sont vides. Et je ne compte pas celles qui ne sont pas exposées.
L’étagère English teapots à gauche
et à droite, une partie de mes Yixing.
 
Trois heures plus tard, un fou rire en allant sur ma terrasse pour m’aérer, plus aucune trace du manteau blanc mais le thermomètre affiche 4°, c’est donc encore bien l’hiver. Mais plus pour longtemps ! Ce soir après le souper, retour dans mon cocon, je reste en Inde avec cette tisane ayurvédique : Légende indienne griffée Au fond du jardin.
Dès l’ouverture de l’écrin, un bouquet très odorant d’épices chatouille mes narines, avec ces notes de gingembre, de cardamome, de baies roses.
Cette tisane me réchauffe le corps et le cœur, ah Strasbourg, ce lieu d’exception qu’est Au fond du Jardin, et les belles rencontres qui y sont liées. Vivement que j’y retourne d’autant qu’à partir d’avril un TGV à partir de Bruxelles  me fera gagner une heure ! Je vais terminer ce billet par une citation du Docteur Roques en 1838, elle se trouve en première page du livre de l’auteur de Mes Jardins de thé, elle correspond bien à ce que j’ai vécu depuis hier : "Dans ses ennuis, dans ses chagrins, l’amateur de Thé ne pourrait vivre sans ce breuvage ; c’est presque son unique consolation. Il est là, soucieux, inquiet, le front chargé de nuages, il l’attend avec impatience. Enfin, l’eau frémit, elle bouillonne, le Thé est fait ; il boit l’oubli des douleurs. Dans ma longue carrière, dans mes fatigues à travers les montagnes, dans mes travaux, dans mes jours de tristesse ou de maladie, la tasse de Thé n’a jamais trompé mon espoir ; j’étais déjà soulagé en aspirant sa vapeur odorante. Ah ! surtout qu’on n’oublie point à mon heure dernière la tasse de Thé, je ferai moins tristement le voyage…" Concernant cette dernière phrase, je ne suis pas pressée évidemment, et pas du tout certaine que je serai triste…

2 commentaires:

Lune a dit…

De très belles citations dont celle d'Einstein qui m'a fait rire aux éclats. Elle rejoint une autre que je cite souvent : "Un des signes des temps barbares est que l'ignorance n'a plus de honte" (Ch. Dantzig).
Très jolies collections dégageant une atmosphère de quiétude.
Vite le printemps s'annonce... la lumière évolue et les oiseaux chantent différemment, beaucoup de promesses en perspective. Cordialement.Lune

Francine a dit…

@ Lune: toujours ravie de te lire chère Lune. Mercis pour tes mots si percutants, et ta jolie citation qui me parle. Vive le printemps, et cette nature qui se réveille. Là-bas, loin, très loin, les théiers aussi, promesses d'émotions gustatives. Bonne fin de soirée, bons thés